Vivre libre ou mourir
Durant l'année de leurs seize ans, les jeunes filles du comté sont expédiées -bannies plus précisément- en année de grâce. Loin de la communauté, elles pourront dissiper leur magie avant de la réintégrer pour devenir « des épouses dociles, des servantes obéissantes ou des travailleuses » ; ou, disgrâce absolue, des femmes des quartiers extérieurs. Survivantes ou chassées, elles reviendront de cette année brisées ou décédées.
Si cette année est l'année de tous les dangers, elle est aussi celle d'une grande liberté : elles ne seront plus jamais seules sans les hommes, les enfants. Ce pourrait être l'occasion de nouer une solidarité féminine mais le comté veille et fait en sorte que cette ivresse de liberté, ce « pouvoir de contrôler son destin, pour une fois » s'exprime dans une frustration, une rivalité, une colère décuplée, prête à tout.
Ce système mis en place par le comté pour le seul bénéfice de quelques puissants ne correspond aucunement au caractère et aux aspirations de Tierney. Si elle subit dans un premier temps cette année de grâce, sa détermination la poussera à vouloir changer la donne. Pour elle ? Pour ses conscrites ? Pour les femmes, toutes les femmes ?
Ce combat pour la liberté se mènera dans la lutte, le sang, la peur et la souffrance. Le roman ne sera donc pas d'une lecture apaisée, pas même dans son épilogue. Mais suivre ces femmes, effacées et contrites, jusqu'à la conscience de leur asservissement et au sursaut de solidarité, vaut toutes les crispations !